Comprendre les mythologies égyptiennes n’est pas chose facile. En effet, leur écriture s’élabore sur des périodes historiques très longues, recouvrant plusieurs millénaires, et s’organise autour de plusieurs territoires géographiques subissant les influences successives des différents empires qui les ont dirigés. Ainsi, les mythologies égyptiennes ont connu de nombreuses réécritures, donnant lieu à une évolution des représentations, à l’invention de nouvelles figures divines et à une pluralité de réinterprétations. Au cours de l’histoire, les personnages et les récits ont parfois fusionné, ou bien au contraire se sont fragmentés en une multitude, cela variant d’abord en fonction des périodes et des lieux de leur appropriation par les Egyptiens eux-mêmes, puis par les commentateurs et analystes qui ont tenté d’en comprendre le sens ensuite.
En France, l’influence de l’empire helléniste (les Grecs) sur la perception des mythes égyptiens est la plus connue. Elle a nourri les interprétations de l’égyptologie occidentale moderne, du fait de notre proximité culturelle avec la culture de la Grèce antique, mais aussi du fait qu’elle renvoie à la période historique la plus proche de nous temporellement. Il est à noter également que l’égyptologie moderne est amorcée par Champollion, un français, en 1822, et que, de ce fait, elle est conditionnée par les interprétations que l’Occident fait des récits égyptiens. Cette approche s’appuie sur une étude des textes produits par l’Egypte entre -3200 et -30 av. J.-C.
En Afrique, les analystes, quant à eux, s’appuient sur un héritage plus lointain pour comprendre le sens de ces mythologies. La culture kamite , en particulier, sert de fondement culturel à son étude symbolique, ouvrant vers des interprétations plus complexes et plus en phase avec les traditions locales et avoisinantes. Selon ces chercheurs, les Kamites (anciens Egyptiens) sont les descendants des Nubiens, eux-mêmes descendants des peuples vivant autour des grands lacs africains, la source du Nil. Leur étude inclut des périodes qui ne sont pas prises en considération par l’égyptologie occidentale, puisqu’ils remontent jusqu’en -5500 av. J.-C. Certains même prétendent que les croyances égyptiennes trouvent leurs origines chez des peuples vivant entre -7000 et -10000 av. J.-C. Leur approche, parfois panafricaine, peut effrayer les égyptologues occidentaux qui veulent se contenter de décrypter les écrits découverts par l’archéologie moderne. Cependant, leur proximité culturelle avec les traditions égyptiennes permet une appréhension plus élaborée des écrits, et favorise une meilleure traçabilité des concepts et de leur étymologie, ainsi qu’une meilleure compréhension des croyances auxquelles ils renvoient.
Le propre des mythes c’est d’être des récits collectifs et évolutifs, dont les variants apparaissent au fil des différentes appropriations successives qui en sont faites. Néanmoins, il subsiste toujours dans ces récits, des éléments caractéristiques invariables qui permettent aux mythes d’être identifiés et de conserver leur identité.
C’est sur la base de l’analyse de ces invariants que je propose de conduire ici une interprétation nouvelle, éloignée des contextes géopolitiques, historiques ou idéologiques, et empruntant autant aux interprétations kamites qu’à celles de l’archéologie moderne. Mon approche, à la fois sémiologique , jungienne et initiatique , veut proposer une lecture utile au cheminant, à l’apprenti en quête d’une résonnance personnelle, spirituelle ou psychique de ces mythologies. Je propose donc ici une analyse interprétative des mythes, orientée vers la compréhension des contenus psychiques inconscients qui organisent plus ou moins universellement la conscience humaine.
Découvrez la suite de l'interprétation initiatique de Lili Oz dans les pages de Génération Cités d'Or #09 :
Comentários