La plage de la Camargue était déjà un lieu de “recueillement aux portes de l’enfer”. Bien avant notre ère, des temples de religions disparues y célébraient des cultes aujourd’hui oubliés. Un puits d’eau douce près de la mer symbolisait cette recherche de pureté spirituelle. Les réfugiés venant de Palestine ne pouvaient pas l’ignorer ; mais ce n’était pas la seule raison du choix de leur lieu de débarquement.
La ville de Lunel était à proximité d’une importante colonie juive composée de familles aisées ayant fui le Moyen Orient occupé par les Romains. Depuis plus d’un siècle, des juifs venaient s’établir dans cette région. Ils constituaient l’élite de ce peuple ; des familles entières possédant les moyens suffisants pour financer ce long voyage et leur installation. Cette migration apportait en Europe tout le savoir de cette époque, un savoir hérité en partie de l’Egypte antique depuis Moïse. Tous ceux qui possédaient ce savoir se sont fixés dans des lieux qui leur permettaient de rester en contact et de travailler ensemble, puis de transmettre au fil des siècles un enseignement représentant les sommets de la culture de leur temps. D’autres apports arabes et chrétiens vinrent se fondre dans ce bouillonnement culturel dont le rayonnement s’étendit géographiquement et se prolongea. Finalement, l’Ecole juive de Lunel, ainsi que celle de Narbonne, devinrent les plus réputées.
L’arrivée des Saintes Maries et de leur servante noire s’inscrit dans cette évolution. En plus de leur “petite barque”, dont la légende nous a transmis le souvenir, d’autres émigrés sont arrivés et d’autres légendes les citent ; sans qu’il soit possible d’en extraire des vérités historiques. Certaines citent Joseph d’Arimathie, ce qui paraît logique. La légende précise que les saintes femmes vénérées dans leur barque en l’église des Saintes-Maries de la Mer sont : Marie Jacobé, sœur de la mère de Jésus et mère de Jacques le Mineur, et Marie Salomé, mère des apôtres Jacques et Jean. La tradition nous dit aussi que débarquèrent Lazare, le ressuscité, sa sœur Marthe, Marie de Magdala et d’autres réfugiés ; tous des personnages importants de l’aristocratie juive. Des légendes indiquent la présence de Jésus, soit vivant, soit seulement son corps… Ces légendes ont leur origine au Ier siècle de notre ère ; elles ont été transmises par des conteurs qui ont ajouté des détails et souvent des symboles à interpréter. Elles concernent des personnages juifs de haute lignée qui se mêlèrent à leurs prédécesseurs et participèrent à la prospérité de l’Ecole juive de Lunel.
C'est ce que nous allons découvrir dans les pages de
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