Quand le majestueux rocher apparut enfin dans le hublot, j’eus un sentiment étrange, spirituel et magnifié. Uluru surgissait au beau milieu du désert rouge, si imposant et lumineux. Je ressentis le besoin de le toucher, de poser mes mains sur ses flancs et de plonger dans son mystérieux passé. Uluru, le rocher sacré des Aborigènes d’Australie narguait le plat désert du haut de ses 330 mètres. Trente-trois, le maître nombre, le portait puissamment vers le ciel. C’est à l’aube, ou au crépuscule, quand le soleil caresse son torse qu’il fallait être à ses pieds. A ces heures, il se gorge alors de lumière et rougit devant des dizaines d’admirateurs comme un adolescent amoureux. Découvert en 1873 par l’explorateur William Gosse, il fut baptisé Ayers Rock, du nom du premier ministre australien. Les colonisateurs anglais ne savaient pas que son nom était Uluru et qu’il était, déjà, vénéré par les Aborigènes depuis le Temps du Rêve…
Lors de mon deuxième voyage en 1994, je pris la décision de ne pas l’escalader contrairement aux autres visiteurs. Non pas que je fus sujette au vertige, mais par respect pour l’Esprit de la montagne qui me le demandait… Quand j’appris en 2019, vingt-cinq ans plus tard, que le gouvernement australien, suite aux demandes des Aborigènes, avait enfin interdit l’ascension, j’en fus ravie. Dans la mythologie aborigène, une relation spirituelle liait les Êtres humains, les plantes, les animaux, les astres et les sites sacrés. Ainsi, les anciens racontaient depuis des générations à leurs petits enfants le temps où tout n’était que spirituel et immatériel. L’ère avant la création de l’Humanité où leurs ancêtres communiquaient par la pensée dans un monde pacifique, le Temps du Rêve.
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